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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 5.djvu/107

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— À quoi bon !

— Vous seriez du moins proprement vêtu, et puis si vos cheveux étaient lissés sur votre front, au lieu de tomber ainsi en désordre, vous n’auriez pas l’air d’un petit sauvage… Voilà deux jours que vous ne m’avez pas voulu laisser arranger votre chevelure, mais aujourd’hui il n’en sera pas ainsi.

— Non… non, je ne veux pas, — dit l’enfant en frappant du pied avec une impatience fébrile, — laisse-moi…

— Oh ! oh ! vos trépignements ne me font pas peur, — reprit gaiement Septimine, — j’ai ma volonté aussi… Allons, tournez votre escabeau du côté du jour ; j’ai apporté dans cette boîte tout ce qu’il me faut pour vous peigner.

— Septimine, je t’en prie… laisse-moi.

Mais la jeune fille, bon gré, mal gré, tourna la chaise du récalcitrant, et avec l’autorité d’une grande sœur, le força de laisser démêler sa chevelure en désordre ; tout en lui rendant ces soins avec autant d’affection que de bonne grâce, Septimine, debout derrière l’enfant, lui disait : — Je vous demande si vous n’êtes pas ainsi cent fois plus gentil ?

— Que m’importe cela ! je m’ennuie tant dans ce couvent… ne pouvoir jamais en sortir, mon Dieu… qu’ai-je donc fait pour être si malheureux ?

— Hélas ! mon pauvre petit… vous êtes fils de roi !

L’enfant ne répondit rien, cacha sa figure entre ses mains, et se mit à pleurer de nouveau en disant d’une voix étouffée : — Mon père… mon père…

— Oh ! si vous recommencez à pleurer et surtout à parler de votre père, vous me ferez pleurer aussi, car si je vous gronde de votre incurie, j’ai grand’ pitié de vos chagrins, oui, grand’ pitié ; je venais ici ce matin pour vous donner peut-être un bon espoir.

— Que veux-tu dire, Septimine ?

La jeune fille ayant donné ses soins à la chevelure de l’enfant,