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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 5.djvu/248

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cher du soleil, ils entrèrent dans la première cour du palais, cour immense, environnée de corps de logis de formes et de toitures variées, percés d’une innombrable quantité de fenêtres (D). Par une disposition étrange, dans un grand nombre de ces bâtiments, le rez-de-chaussée, complètement à jour, formait une sorte de hangar dont les piliers de pierres massives supportaient la bâtisse des étages supérieurs. Une foule d’officiers subalternes, de serviteurs et d’esclaves du palais, vivait et logeait sous ces abris ouverts à tous les vents, et se chauffaient en hiver à de grands fourneaux remplis de feu, allumés jour et nuit. Ces constructions bizarres avaient été imaginées par la curiosité de l’empereur ; car, de son observatoire, il voyait d’autant mieux ce qui se passait sous ces hangars, qu’ils n’avaient pas de murailles (E). Plusieurs longues galeries reliaient entre eux d’autres bâtiments ornés de colonnes et de portiques richement sculptés à la mode romaine. Un pavillon carré, assez élevé, dominait l’ensemble de ces innombrables bâtiments. Octave fit remarquer à Vortigern une sorte de balcon situé au faite de ce pavillon ; c’était là l’observatoire de l’empereur (F). Partout le mouvement et l’animation annonçaient l’arrivée de Karl : des clercs, des soldats, des femmes, des officiers, des rhéteurs, des moines, des esclaves, se croisaient en tous sens d’un air affairé, tandis que plusieurs évêques, jaloux de présenter des premiers leurs hommages à l’empereur, se dirigeaient à grands pas vers le péristyle du palais. Il advint même qu’au moment où la chevauchée dont faisaient partie Vortigern et son aïeul, entra dans la cour, plusieurs personnes, trompées par l’apparence guerrière de cette troupe, s’écrièrent : — L’empereur ! voici l’escorte de l’empereur ! — Ce cri vola de bouche en bouche, et, au bout de quelques instants, la cour immense fut encombrée d’une foule compacte, à travers laquelle l’escorte des deux Bretons put à peine se frayer un passage, pour se rendre non loin du portique principal. Hildebrad avait choisi cette place afin de se trouver l’un des premiers sur le passage de Karl, et de lui présenter les otages qu’il ra-