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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 5.djvu/349

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Le chef des Franks, suivant l’indication du prêtre, vit derrière lui, de loin en loin, des tourbillons de fumée teintée de feu qui s’élevaient des collines que l’armée laissait derrière elle. Le moine dit alors au Frank :

— Vois ! l’incendie signale partout notre passage ; les bourgs, les villages abandonnés par leurs habitants en fuite, ont été par nos ordres livrés aux flammes ; les Bretons n’ont pas, comme les pirates North-mans, la ressource de leurs bateaux pour fuir sur l’Océan avec leurs richesses. Nous poussons devant nous ces populations fuyardes, les deux autres corps d’armée de Louis-le-Pieux font de leur côté une pareille manœuvre, aussi devons-nous comme eux arriver demain matin dans la vallée de Lokfern ; là se trouveront refoulées, acculées, les populations attaquées depuis plusieurs jours au sud, à l’est et au nord ; là, entourées d’un cercle de fer, elles seront anéanties ou emmenées en esclavage. Ah ! cette fois la Bretagne à jamais domptée sera soumise enfin à la foi catholique et à la puissance des Franks ! Qu’importe que tes soldats aient été décimés pour le triomphe de la foi et de la royauté franque ! les troupes qui te restent jointes aux autres corps de l’armée, ne suffiront-elles pas pour exterminer les Bretons ?

— Moine, — répondit brusquement Neroweg, — tes paroles ne me consolent pas de la mort de tant de vaillants guerriers, dont les os blanchiront au fond du défilé de Glen-clan et dans les bruyères de ce maudit pays !

— Envie plutôt leur sort ; ils sont morts pour la religion, le paradis leur est assuré.

Neroweg hocha la tête et reprit après un assez long silence : — Tu m’as promis de m’indiquer les lieux où ces païens Bretons enfouissent leurs richesses ?

— Écoute : au delà du marais de Peulven que nous devons traverser, est une forêt profonde, où se trouvent grand nombre de pierres druidiques ; je suis certain qu’en fouillant à leurs pieds, nous trou-