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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 5.djvu/71

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de Rouen, parce que, après le meurtre de mon mari, Prétextat m’avait mariée à Mérovée, ton frère…

— Si mon frère t’a épousée, c’est grâce à tes maléfices, abominable sorcière ! car après avoir abusé de sa jeunesse, tu as poussé Mérovée au parricide… tu l’as armé contre son père, qui était aussi le mien.

— Quel tendre père ! Écoutez, guerriers, et admirez la paternité de vos rois. Ce Chilpérik, non content de faire égorger son fils Mérovée à Noisy, a livré au poignard ou au poison de Frédégonde tous les enfants qu’il avait eus de ses autres femmes !…

— Te tairas-tu ! — s’écria Clotaire grinçant les dents de rage. — Tu mens, monstre ! tu mens !…

— Seigneur roi, que ne m’avez-vous écouté ? — dit à demi-voix l’évêque de Troyes. — Cette femme est un véritable basilic !…

— Il restait à ton père Chilpérik, parmi ses épouses répudiées, une seule femme vivante, Audowère, — reprit Brunehaut ; — Audowère avait deux enfants, Clodwig et Basine : la mère est étranglée, le fils poignardé, la fille, livrée aux pages de Frédégonde qui la violent sous ses yeux à elle (C)… l’auteur de ces meurtres !… Hein ! vaillants guerriers ! ces reines ! comme elles sont raffinées dans leurs sanglantes débauches !…

— Et toi  ! — s’écria Clotaire II, ne voulant pas laisser sans réplique ces effroyables accusations contre la mémoire de sa mère, — et toi, infâme entremetteuse ! qui mets des concubines dans le lit de tes petits-fils pour les énerver et régner à leur place ; toi qui fais égorger les honnêtes gens que ces monstruosités révoltent : témoin Berthoald, maire du palais de Bourgogne, poignardé par tes ordres ; l’évêque Didier, écrasé à coups de pierre aux bords de la Chalaronne.

— C’est vrai… je ne recule devant aucune monstruosité, moi. J’aime à voir torturer mes ennemis : je suis de bon sang royal… comme ton père. Jugez-en, guerriers. Chilpérik, après avoir fait assassiner mon mari, s’empare de mon parent Sigila et lui fait brûler les jointures des membres avec des fers ardents, arracher les narines