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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 6.djvu/153

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raison ; je vais de ce pas aller la retrouver à l’ermitage de Saint-Eusèbe, et demain je te la rapporterai toute fraîche du saint lieu... cette raison miraculeuse !

— Et on l’appelait le Bestial ! — murmura de nouveau la jeune serve de plus en plus émerveillée des reparties d’Yvon, qui disparut bientôt, de crainte d’être surpris par la camériste de la reine.




Yvon l’avait dit à Marceline, l’on ne pouvait choisir un moment plus opportun pour obtenir une faveur de la reine, tant elle était joyeuse de la mort de Ludwig-le-Fainéant et de l’espérance d’épouser Hugh-le-Chappet. Grâce à la protection d’Adelinde, qui consentit au mariage de la jeune serve, le baillif du domaine donna la même autorisation à Yvon, lorsque celui-ci, selon sa promesse faite à Marceline, revint avec sa raison de la chapelle de l’ermitage de Saint-Eusèbe. Le serf raconta comment étant le soir entré dans la chapelle, il avait vu à la lueur de la lampe du sanctuaire un monstrueux serpent noir enroulé aux pieds de la statue du saint ; comment, subitement éclairé par un rayon d’en haut, l’idiot avait écrasé à coups de pierre cet horrible dragon qui n’était autre qu’un démon, car l’on ne trouva aucune trace du monstre, et enfin comment saint Eusèbe avait miraculeusement rendu la raison au Bestial pour le récompenser de son bon secours ; Yvon fut de plus, en glorification du miracle opéré en sa faveur par saint Eusèbe, envoyé selon son désir comme serf forestier du canton de la Fontaine-aux-Biches, et le lendemain de son mariage avec Marceline-aux-Cheveux-d’or, il alla s’établir avec elle dans l’une des profondes solitudes de la forêt de Compiègne.




Moi, Yvon, fils de Luduecq, petit-fils de Guyrion, arrière-petit-fils d’Eidiol, le doyen des nautonniers parisiens, j’ai terminé aujour-