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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 6.djvu/158

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CHAPITRE II.


..... En l’année 1033, tous avaient également la bouche affamée, la pâleur sur le front ; quand on se fut nourri de bêtes et d’oiseaux, cette ressource une fois épuisée, la faim ne s’en fit pas sentir moins vivement ; il fallut pour l’apaiser se résoudre à dévorer les cadavres ou toute autre nourriture aussi horrible ; ou bien encore, pour échapper à la mort, on dévorait l’écorce des arbres ou l’herbe des ruisseaux ;... les fureurs de la faim renouvelèrent les exemples d’atrocité où les hommes dévoraient la chair des hommes... le voyageur assailli sur les routes succombait sous le coup de ses agresseurs... ses membres étaient déchirés, grillés au feu et dévorés... d’autres étaient égorgés par leurs hôtes, qui faisaient d’eux leur nourriture ; quelques autres présentaient à des enfants un jouet pour les attirer à l’écart, et ils les immolaient à leur faim. Les cadavres furent déterrés en beaucoup d’endroits pour servir à ces tristes repas... Dans la forêt de Chatenay, un scélérat s’était construit une cabane où il égorgeait les voyageurs qu’il dévorait ensuite... on trouva, dans son repaire, quarante-huit têtes de voyageurs qu’il avait égorgés...

(Chronique de RAOUL GLABER, l. IV, c. IV, p. 306-307.)


SOMMAIRE


La fin du monde. — La hutte du forestier. — La chasse au daim. — La taverne de Grégoire-Ventre-creux. — Le repas. — La famille d’Yvon. — Den-Braô, le maçon.





Il y a quarante-huit ans, j’ai écrit le récit de la mort de Ludwig-le-Fainéant. Les faits que je dois ajouter à cette légende sont horribles... horribles ! ils se sont passés au commencement de l’année 1033 ; ces faits vous ne les croiriez pas, fils de Joel, si l’homme qui écrit ceci n’avait, hélas ! vu ce qu’il va raconter. En ce moment encore, ma pensée recule devant ces souvenirs monstrueux 
!