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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 6.djvu/245

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mendiant... mais Robin-le-Nantais l’a reconnu. On amène l’évêque avec d’autres voyageurs !

— L’évêque de Nantes en mon pouvoir ! — s’écria Neroweg, — Azenor l’avait prédit ; son charme magique opère déjà ! — Et à cette nouvelle, qui lui annonçait l’arrestation de l’un de ses mortels ennemis, le comte bondit de joie ; puis, suivi de ses fils et de plusieurs de ses écuyers, il courut au-devant des prisonniers, amenés par les hommes d’armes postés dans le corps de garde du péage. Bezenecq-le-Riche et sa fille Isoline accompagnaient Simon, l’évêque de Nantes, et Yéronimo, vêtu en moine comme le prélat ; celui-ci, après ses vains efforts pour engager les voyageurs à ne pas traverser la seigneurie de Plouernel, s’était cependant joint à eux, n’osant s’aventurer, seul avec Yéronimo, sur les terres du seigneur de Castel-Redon, non moins pillard et féroce que son voisin, espérant d’ailleurs n’être pas reconnu au milieu d’une troupe nombreuse. Malheureusement parmi les hommes d’armes postés au corps de garde de la chaussée, se trouvait Robin-le-Nantais, longtemps habitant de la cité de Nantes, il y avait vu ses notables habitants ; aussi désigna-t-il tout d’abord Bezenecq-le-Riche comme un citadin dont on pourrait tirer une grosse rançon ; puis, remarquant ensuite un moine qui affectait de rabaisser jusqu’à son menton le capuchon de son froc, les soupçons de Robin s’éveillèrent, et découvrant la figure de ce mystérieux personnage, il s’écria : — C’est l’évêque de Nantes. — Les hommes d’armes de Neroweg VI, sachant sa haine contre le prélat, s’applaudirent de cette importante capture, le garrottèrent ainsi que Yéronimo, Bezenecq et sa fille, exigèrent le péage des autres voyageurs, larronnèrent à leur convenance, dans leurs bagages ou marchandises, et en pieux catholiques, pillèrent complètement la balle de Harold-le-Normand ; celui-ci, peu soucieux du larcin, se promit de bientôt renouveler sa provision de reliques aux premiers gibets venus, et ils ne manquaient point sur la route. Les voyageurs ainsi à demi dévalisés continuèrent leur route, et cinq ou six des