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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 6.djvu/61

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assez noirs, assez profonds pour ce vieux scélérat ! abominable sacrilège, qui se refuse à défendre la sainte église du Seigneur !

— Que l’un de tes clercs guide mes hommes vers ce cachot, — reprit le Comte de Paris, — cet audacieux marinier pourrira dans ce souterrain !

Eidiol ne put réprimer un premier mouvement de surprise et de chagrin, puis il répondit au Comte : — Mon fils est resté à bord de mon bateau ; permets-moi de le voir, il pourra du moins instruire de mon sort ma femme et ma fille.

— Tu seras satisfait, — reprit Roth-bert avec un sourire cruel, — je viens d’envoyer quérir les nautonniers de ton bateau.

— Trahison ! — s’écria le vieillard, — ils vont venir confiants, et la prison les attend !

— Tu l’as dit, — reprit le Comte de Paris, et il ajouta en montrant du geste Eidiol à l’un de ses officiers : — Qu’on l’emmène !

— Ma chère femme, ma douce fille ! quelle va être votre inquiétude, lorsque demain vous ne nous verrez de retour ni mon fils, ni moi ! — murmura tristement le vieillard, et il suivit sans résistance l’officier qui le conduisait aux cachots souterrains de l’abbaye.




Après le départ du Comte de Paris, les cent guerriers qu’il avait promis d’envoyer au secours de l’abbaye y arrivèrent ; leur commandant s’occupa durant toute la nuit de ses préparatifs de défense ; les serfs, les vilains, sous la menace des coups, du cachot, de la torture, et surtout sous la menace du feu éternel, transportèrent sur la plate-forme des murailles de grosses pierres, des bûches, des poutres, destinées à servir de projectiles contre les assaillants, sans compter les barils d’huile et de pois qui, mises en ébullition dans des chaudrons, devaient être versées bouillantes sur la tête des ennemis, ainsi que le contenu d’un grand nombre de sacs de chaux et de