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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 6.djvu/76

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de fête, — dit Rustique, — les North-mans sont descendus dans les caves pour défoncer les tonnes du cellier de l’abbaye, voisin de ces cellules ; croyant aussi trouver des richesses cachées dans ces réduits souterrains, ils ont brisé la porte du cachot où nous étions entassés ; leur chef, qu’ils nomment Gaëlo, leur a ordonné de nous bien traiter et de nous aider à délivrer les autres prisonniers s’il en restait dans ces demeures profondes.

— C’est ainsi, mon enfant, que nous sommes arrivés dans le cachot où était renfermée ta mère, — ajouta Eidiol en embrassant de nouveau Anne-la-Douce.

— Le jeune chef qu’ils nomment Gaëlo nous a quittés pour aller rejoindre le vieux Rolf, le chef de ces North-mans, — reprit Guyrion, — il venait de débarquer et d’entrer dans l’abbaye à la tête d’une troupe nombreuse ; ses pirates creusent à la hâte des retranchements aux abords de l’abbaye du côté de Paris, car avant de naviguer vers cette cité, ils veulent se fortifier ici, pour s’y ménager un lieu de refuge en cas de retraite.

— Hola ! hé ! les mariniers de Paris ! — cria dans le lointain la voix de Gaëlo, — venez, mes braves ; le vieux Rolf veut vous entretenir.

— Jeune homme, — dit Eidiol au pirate qui s’approcha, — tu nous as délivrés, nous avons pu à notre tour rendre la liberté à ma femme et à mon enfant ; merci à toi ! Nous allons te suivre, mais mon fils restera près de sa sœur et de sa mère, encore trop faibles pour quitter ces lieux.

— Qu’il en soit ainsi, — répondit Gaëlo ; — et pendant que Anne-la-Douce et son frère allaient rejoindre Marthe, le doyen des nautonniers de Paris, Rustique et ses autres hommes suivirent Gaëlo, afin de se rendre auprès de Rolf qui festoyait dans l’appartement de l’abbé de Saint-Denis. Le jeune pirate quitta un instant ses compagnons et courut à l’une des salles basses de l’abbaye, où avait été transportée la belle Shigne, dont la blessure, quoique grave, n’était pas mor-