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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 6.djvu/95

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rique ? Vortigern avait pour aïeul Amael, qui vécut cent ans et plus, refusa d’être le geôlier du dernier rejeton de Clovis, et fut l’un des chefs de bandes de Karl-Martel, l’ancêtre de Karl-le-Grand, dont le descendant règne aujourd’hui sous le nom de Karl-le-Sot ?

— Vieillard ! — s’écria Gaëlo, — qui a pu ainsi t’instruire des aventures de ma famille ?

— Ta famille est la mienne, — répondit Eidiol, dont les yeux devinrent humides ; — je suis, comme toi, descendant de Joel, le Brenn de la tribu de Karnak ; mon grand-père était le frère de ton aïeul.

— Que dis-tu ? — s’écria Gaëlo, — tu serais comme moi de la race de Joel ?

— Ces mots que tu portes tracés sur le bras en signe de reconnaissance, je les porte aussi, de même que mon fils et ma fille, selon la sage recommandation de Ronan-le-Vagre, l’un de nos aïeux, qui vivait au temps de l’infâme Brunehaut !

— Nous sommes parents ! — s’écrièrent à la fois Anne et Guyrion en se rapprochant de Gaëlo, tandis que la belle Shigne et Rustique-le-Gai écoutaient cet entretien avec un redoublement d’intérêt.

— Nous sommes parents ! — reprit Gaëlo en regardant tour à tour le vieillard, Anne et Guyrion ; puis s’adressant à la guerrière : — Shigne, je te rends doublement grâce ; la jeune fille si généreusement sauvée par toi était de ma famille !

— Quelle soit pour moi une sœur, — dit la guerrière de sa voix grave et sonore ; — mon épée la défendra toujours.

— Et à défaut de votre épée, belle héroïne, — reprit Rustique, — mes deux bras joints à ceux de maître Eidiol et de mon ami Guyrion protégeront Anne-la-Douce, quoique le malheur ait voulu que depuis hier, nos trois paires de bras ne l’aient guère protégée, la pauvre chère fille !

— Bon père, — dit Gaëlo à Eidiol, — quand avez-vous donc quitté la Bretagne pour venir à Paris ?