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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/110

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demanda vivement Marguerite ; — est-ce la bonne nouvelle que tu nous apportais ?

— Non, non, André ne reviendra que demain matin, après avoir passé sa nuit de guet à la Bastille avec sa compagnie d’arbalétriers. Plus que personne mon fils doit donner l’exemple de la régularité dans le service.

— Et qui donc viendra ce soir souper avec nous, mon oncle ?

— Qui cela, chère Denise ? — répondit Marcel en souriant, — qui cela ? L’un de nos meilleurs amis.

— Simon-le-Paonnier ? Pierre Caillart ? maître Delille ? Philippe Giffart ?

— Non, Denise. Ne cherche pas notre convive parmi mes compères les échevins ; il n’est pas encore d’âge à occuper ces graves fonctions. Mais, tiens, pour t’aider à deviner, j’ajouterai que notre convive de ce soir arrive de province.

— Serait-ce donc mon bon vieux cousin qui réside avec sa fille à Vaucouleurs ? aurait-il quitté la paisible vallée de la Meuse pour venir nous voir ?

— Non, chère Denise ; l’ami que nous attendons est seulement absent de Paris depuis quelque temps.

— Depuis quelque temps ?… — reprit d’abord machinalement Denise ; puis, frappée d’une idée soudaine, mais osant à peine y arrêter son esprit, la pauvre enfant pâlit, joignit ses deux mains tremblantes, et, attachant sur le prévôt des marchands un regard à la fois rempli d’angoisse et d’espérance, elle balbutia : — Mon oncle, que dites-vous ?

— J’ajouterai, de plus, que le sort de cet ami nous a causé de vives inquiétudes…

— Lui ! — s’écria Denise en se jetant au cou de Marcel ; — il serait vrai… Mahiet est de retour !…

— Mahiet ! — reprit à son tour Marguerite, partageant la surprise et la joie de sa nièce. — Tu l’as vu ? Il est à Paris ?