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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/137

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dépend le salut de la Gaule. Il faut qu’un pareil état de choses cesse, promptement, sire… très-promptement !

Le régent se retourna vers un groupe de prélats et de seigneurs, à la tête desquels se trouvait le maréchal de Normandie, se consulta de nouveau pendant quelques instants avec eux à voix basse ; puis il répondit au prévôt des marchands d’un ton hautain : — Sont-ce là toutes tes doléances ?

— Ce ne sont point, sire, des doléances ; ce sont d’impérieux avertissements.

— Que demandes-tu encore ?

— Un acte de justice et de réparation, sire : Perrin Macé, bourgeois de Paris, a été mutilé, puis mis à mort, au mépris du droit et des lois, par l’ordre de l’un de vos courtisans… Il faut, sire, que celui-là qui a fait supplicier un innocent soit condamné au supplice qu’a subi sa victime !

— Par la croix du Sauveur ! — s’écria le régent, — tu oses venir me demander ici la condamnation du maréchal de Normandie, le meilleur de mes amis !

— Le pire de vos ennemis, sire ! Cet homme vous perd par ses détestables conseils.

— Quoi ! impudent coquin ! — s’écria le maréchal de Normandie furieux, en menaçant Marcel de son épée, — tu as l’audace de…

— Pas un mot de plus, — reprit le régent en interrompant son favori et abaissant d’un geste l’épée dont il menaçait Marcel, — c’est à moi de répondre ici ; et je répondrai à maître Marcel de sortir de céans et sur l’heure.

— Sire, — répondit le prévôt des marchands avec une sorte de commisération protectrice, — vous êtes jeune, et j’ai les cheveux gris… votre âge est impétueux, le mien est calme… donc, je vous en conjure au nom du pays, au nom de votre couronne, accomplissez loyalement vos promesses ; et, si pénible qu’elle vous semble, accordez la réparation que je vous demande au nom de la justice.