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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/150

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comme par enchantement au bien, à l’équité, regretter sincèrement ses erreurs, les expier résolument… Ah ! je l’ai toujours dit : ne désespérons jamais de la jeunesse !

— Ainsi, mon ami, — dit Marguerite, — le régent n’a pas trompé tes dernières espérances ?

— Il les a dépassées, te dis-je. Nous venons de prendre les mesures les plus promptes, les plus énergiques pour que ces réformes si justes, si fécondes, promulguées l’an passé par l’Assemblée nationale, soient enfin réalisées. Nous ferons appel à tous les courages, à tous les dévouements du pays pour terminer cette guerre désastreuse contre les Anglais. Ce n’est pas la noblesse, mais le peuple tout entier, paysans, bourgeois, artisans, que nous appellerons à cette guerre sainte ! et, marchant à leur tête, nous chasserons enfin l’étranger de notre sol ! Ce grand triomphe sera le signal de l’affranchissement de nos frères des campagnes, — ajouta le prévôt des marchands en tendant la main à Guillaume. — Oui, ceux-là qui auront glorieusement vaincu, chassé l’ennemi, redevenus libres par leur victoire, seront à jamais délivrés de la tyrannie des seigneurs, ces lâches qui n’ont pas su défendre notre mère-patrie. Oh ! mes amis, que d’angoisses, que de souffrances cet espoir me fait oublier ! voir enfin la Gaule victorieuse et affranchie, paisible et prospère !

Soudain ces mots prononcés dans l’escalier d’une voix haletante : — Maître Marcel, trahison… trahison ! — interrompirent le prévôt des marchands et firent tressaillir ceux qui l’écoutaient ; presque aussitôt Rufin-Brise-Pot entra précipitamment dans la salle en répétant : — Maître Marcel… trahison… trahison !

— Quelle trahison ? — s’écria Mahiet, — parle.

— Te rappelles-tu que ce matin, au Louvre, — répondit Rufin essoufflé, — je te disais : « Si Margot-la-Savourée vient au rendez-vous qu’elle m’a donné, je croirai à la sincérité des promesses du régent ? »

— Jeune homme, — reprit sévèrement Marcel en voyant sa femme