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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/209

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— La branche aînée de ma famille habite ses domaines d’Auvergne… et le frère de mon père a plusieurs fils !

— Commençons par toi, — dit Mahiet en dégaînant. — C’est un combat à mort sans merci ni pitié !…

— Et moi aussi, frère, je serai sans pitié ni merci pour ce lâche voleur, cause de tous mes maux ! — s’écrie Mazurec-l’Agnelet en montrant du poing Gérard de Chaumontel ; et il ajoute : — Adam, délie-lui les mains ; il y a de la place ici pour se battre deux contre deux. À mon frère notre sire… à moi ce chevalier larron… Donne-moi une fourche, Adam-le-Diable ; la fourche est la lance de Jacques Bonhomme !

Gérard de Chaumontel, délivré de ses liens et seulement vêtu de sa chemise et de ses chausses, reçoit de Guillaume Caillet un bâton pour se défendre, et est poussé par Adam en face de Mazurec ; celui-ci, protégé de la tête aux pieds par l’armure de fer du chevalier, qu’il lui a enlevée, tient à la main une longue fourche à trois pointes acérées.

— Avance donc, double larron ! — dit Mazurec ; — faut-il que j’aille à ta rencontre ?

Le chevalier, blanc d’effroi et poursuivi des huées des Jacques, serre des deux mains son bâton et répond en tâchant de sourire avec dédain : — Attends, attends ; les hérauts d’armes n’ont pas encore donné le signal…

Conrad de Nointel, dont les bras ont été déliés, accourt et se baisse vers la terre afin de saisir l’épée que Mahiet tient toujours sous son pied.

— Un moment ! — dit l’Avocat d’armes en pesant toujours sur le glaive. — Seigneur de Nointel, regarde-moi en face… si tu l’oses !

Conrad se relève, attache ses yeux étincelants sur son adversaire et lui dit d’une voix sourde : — Que veux-tu ?

— Je veux, beau sire, t’aiguillonner au combat ; je me défie de ton courage, car tu as fui lâchement à la bataille de Poitiers. Tout à