Aller au contenu

Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’horreur qu’il inspirait à Mahiet ; cette horreur, il allait la témoigner, lorsque sept heures sonnent au loin à l’église paroissiale de Clermont. Le roi de Navarre sourit et dit à l’Avocat d’armes :

— Je t’ai promis que tu verrais ton frère… tu vas le voir. Je veux bien t’apprendre comment j’ai découvert votre parenté… J’avais hier posté dans un endroit secret de la prison des trois chefs de cette Jacquerie un coquin tout oreilles chargé d’épier ces truands ; il a plusieurs fois entendu l’un d’eux, s’adressant à ses complices, regretter, non la vie, qu’il s’attendait à perdre ; mais une dernière entrevue avec son frère Mahiet-l’Avocat d’armes, ami de Marcel. Or, ce matin, recevant ta lettre, signée Mahiet, et dans laquelle tu t’annonçais comme envoyé du préfet des marchands… il m’a été facile de reconnaître ta parenté avec ce Jacques.

— Où est mon frère ?

— Ici près. Tu vas le voir ; ne t’en ai-je pas donné ma foi de chevalier ?… Ainsi, préviens Marcel qu’après-demain je l’attends à Saint-Ouen.

— Mais mon frère… mon frère ?…

— Tu vas le voir dans un instant, te dis-je, — répond Charles-le-Mauvais en se dirigeant vers la porte ; et, au moment de sortir, il se retourne, répétant à Mahiet : — N’oublie pas de prévenir Marcel qu’après-demain soir je l’attendrai à Saint-Ouen.

Le roi de Navarre sort. Un moment après son départ, la porte s’ouvre de nouveau, l’Avocat d’armes fait un mouvement de joie, s’attendant à voir entrer Mazurec, il n’en est rien, il voit paraître l’un des écuyers du prince.

— Ton maître m’avait annoncé la venue de mon frère… — dit avec une anxiété croissante Mahiet à l’écuyer. Celui-ci ouvre la fenêtre près de laquelle est assis l’Avocat d’armes, et la lui désignant du geste, il répond :

— Regarde.

Puis il s’éloigne, après avoir enfermé le prisonnier dans la salle.