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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/278

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la grâce d’ensevelir Marcel de ses mains, on lui refusa cette consolation suprême ; elle connut plus tard les ignominies prodiguées au cadavre de son époux, elle mourut pendant sa captivité. Les biens considérables du prévôt des marchands furent confisqués au profit du régent. Alison, toujours serviable, offrit à Denise, qui se trouvait ainsi abandonnée sans ressources, de partager la chambre qu’elle occupait à l’auberge ; souvent toutes deux vinrent visiter Mahiet-l’Avocat d’armes dans sa retraite. Entre autres blessures, un coup de hache devait le priver pour toujours de l’usage de son bras droit. Lorsque ses autres plaies furent complétement guéries, il épousa Denise ; le même jour, Alison épousa Rufin-Brise-Pot. Mahiet avait hérité d’un petit patrimoine grâce auquel il pouvait à peu près subvenir aux besoins de sa femme et aux siens, l’infirmité résultant de sa blessure ne lui permettant plus de continuer son métier d’avocat d’armes. La seule parente qui restait à Denise habitait vers la frontière de la Lorraine la ville de Vaucouleurs ; Mahiet se résolut de se rendre en cette contrée. Il eût été imprudent à lui, malgré son peu de renom, de continuer, après sa guérison, de demeurer à Paris, la réaction du parti de la cour se montrant implacable. Mahiet réalisa son patrimoine, se sépara, non sans regrets, de Rufin-Brise-Pot et d’Alison, et parvint, à travers mille dangers causés par les bandes d’Anglais et de routiers qui ravageaient la Gaule, à atteindre avec Denise la ville de Vaucouleurs· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

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(Moi, Allan Lebrenn, petit-fils de Mahiet Lebrenn-l’Avocat d’armes, j’intercale ici quelques lignes afin d’expliquer et de combler une lacune existant dans la chronique que m’a léguée mon aïeul, ainsi que la dague du sire de Nointel et le petit trépied de fer de Guillaume Caillet, objets vénérés dont j’ai augmenté les reliques de notre famille. Treize feuillets contenant le récit de la longue vie de mon grand-père depuis l’an 1359, époque de son mariage, jusque vers l’année 1425 ou 1426, ont été sans doute égarés par lui. Cette période de son exis-