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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/312

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veilloient ; mais bien davantage les capitaines des réponses qu’elle fesoit sur les choses de la guerre. » (Chronique de la Pucelle, t. IV, p. 212-213.)

» … Quand on parloit de guerre ou qu’il falloit mettre les soldats en ordonnance, il fesoit bel ouyr et voir la Pucelle faire ses diligences ; et si on crioit auculnes fois : Aux armes ! elle étoit la plus diligente et la première, soit à pié ou à cheval ! Et estoit une très-grande admiration aux capitaines de l’entendement qu’elle avoit des choses de la guerre. » (Pierre Sala, t. IV, p. 249.)

Nous terminerons ces extraits par un admirable portrait de Jeanne Darc au point de vue militaire, du à la plume éloquente d’Alain Chartier. Malheureusement notre traduction ne rendra jamais l’énergique concision, le coloris, la vigueur de la prose latine ; essayons cependant :

« Ne paraît-il pas surprenant que la Pucelle ait fait tant d’admirables choses en si peu de temps ? Mais quoi d’étonnant ? Quelle est la qualité nécessaire aux capitaines que Jeanne ne possède pas ? Est-ce la science militaire ? La sienne est admirable. Est-ce le courage ? Le sien excelle sur tous les autres. Est-ce la promptitude ? La sienne est sans égale. Est-ce la justesse de coup d’œil ? la hardiesse dans l’attaque ? Elle réunit ces avantages à un suprême degré : à l’heure du combat, elle commande l’armée, choisit le champ de bataille, assigne à chacun son poste, donne le signal de l’action, frappe son cheval de l’éperon, et, impétueuse, s’élance sur l’ennemi… Elle a vaincu les féroces Anglais, rallumé l’audace de la Gaule (Gallicam) ; elle a relevé la Gaule de ses ruines ! Ô vierge sans égale ! digne de toute gloire ! de toute louange ! digne des honneurs divins ! honneur du royaume ! lumière des lis ! tu es non-seulement la gloire des Gaulois (Gallorum), mais de tous les chrétiens ! Si Troie se souvient et s’enorgueillit d’Hector, la Grèce d’Alexandre, l’Afrique d’Annibal, l’Italie de César, et de tant d’illustres capitaines, la Gaule (Gallia) doit s’enorgueillir de la Pucelle ! etc., etc. » (Lettre d’Alain Chartier à Amédée VIII, duc de Savoie. Deliciæ cruditorum, t. IV, p. 36 ; ap. J. Quicherat, t. V, p. 131.)




de la lutte de Jeanne Darc contre la haineuse envie des gens de cour
et des gens de guerre.

Nous l’avouerons, chers lecteurs, le caractère de Jeanne Darc, son patriotisme, nous inspirent peut-être encore plus d’admiration que son génie militaire. Cette jeune fille, d’une si belle et si honnête vie, comme dit le chroniqueur Jean Chartier, cette jeune fille