les armes, de lever leurs hommes et de venir, sous huit jours, nous rejoindre à Bourges, d’où nous marcherons contre les Anglais, que nous vaincrons avec l’aide de Dieu et de notre vaillante noblesse.
» Telle est notre volonté.
« Jean. »
Cet appel du roi des Français à sa vaillante et bien-aimée noblesse du Beauvoisis fut accueillie par la noble assistance avec une morne stupeur qui fit bientôt place à des murmures de courroux et de révolte.
— Au diable le roi Jean ! — s’écria le comte de Chivry. — Il nous a déjà imposé des subsides pour entretenir des gendarmes ; qu’il les mène guerroyer !
— Bon ! — dit un autre seigneur, — il n’a pas levé un seul homme d’armes ; tout notre argent a passé en plaisirs et en festins ; la cour de Paris est un gouffre !
— Quoi ! — reprit un autre, — nous nous efforcerons de faire suer à Jacques Bonhomme tout ce qu’il peut rendre, et le plus clair de ce revenu passerait dans les coffres du roi ! Non, de par Dieu ! non !
— Que le roi se défende ; ses domaines sont plus exposés que les nôtres, qu’il les protége !
— C’est à peine si nous suffisons, nous et nos hommes, à sauvegarder nos châteaux des bandes de routiers, de Navarrais et de souldoyers qui ravagent le pays ; et nous abandonnerions nos demeures pour marcher contre l’Anglais ! Corbleu ! nous serions de fiers oisons.
— Et en notre absence, Jacques Bonhomme, qui semble avoir des velléités de révolte, ferait de beaux coups !…
— Par la mort-Dieu, messieurs, — s’écria un jeune chevalier, — nous ne pouvons cependant pas, à la honte de la chevalerie, rester lâchement cantonnés dans nos manoirs, tandis que l’on va se battre aux frontières.
— Hé ! qui vous retient, mon jeune batailleur ? — s’écria le comte de Chivry ; — êtes-vous curieux de guerroyer ? eh bien ! partez vite et