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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 9.djvu/19

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» — Merlin, d’où viens-tu avec tes habits en lambeaux ? — Où vas-tu ainsi nu-tête et nu-pieds ? — Où vas-tu ainsi, vieux Merlin, avec ton bâton de houx !

» — Hélas ! hélas ! je vais chercher ma harpe, consolation de mon cœur en ce monde. — Je vais chercher ma harpe et mon anneau, que j’ai perdus tous deux.

» — Merlin, Merlin, ne vous chagrinez pas ; votre harpe n’est pas perdue, — ni votre anneau non plus. — Entrez, Merlin, venez vous reposer et manger un morceau avec moi.

» — Je ne me reposerai, je ne mangerai rien au monde que je n’aie retrouvé ma harpe et mon anneau.

» — Merlin, entrez, votre harpe sera retrouvée ; — entrez, Merlin, votre anneau sera retrouvé.

» La grand’mère pria tant et tant Merlin, qu’il entra. — Lorsqu’au soir Alain revint à sa maison, le voilà qui tressaille d’épouvante en jetant les yeux sur le foyer, en y voyant Merlin assis la tête penchée sur sa poitrine ; Alain ne savait où fuir.

» — Ne crains rien, mon garçon, ne crains rien, Merlin dort d’un profond sommeil ; il a mangé trois pommes rouges que je lui ai cuites sous la cendre. — Maintenant, il nous suivra partout ; nous l’emmènerons devers notre seigneur le roi… »

— Et Merlin y est allé, marraine ?

— Oui. Écoute la fin de la légende.

« — Qu’est-il arrivé dans la ville, que j’entends tant de bruit ? — disait le lendemain la reine à sa suivante. — Qu’est-il arrivé dans la cour, que la foule y pousse des cris de joie ?

» — Madame, c’est que toute la ville est en fête ; c’est que Merlin entre au palais avec une vieille, vieille