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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 9.djvu/26

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— Si, mon enfant.

— Oh ! marraine, — reprit la bergerette avec une grâce caressante, — redites-moi-la donc encore cette légende ?… Hêna s’est montrée autant courageuse que le sera la jeune fille lorraine dont Merlin prédit la venue.

— Allons, — répondit Sybille en souriant, — encore cette légende, et je rentre à la maison. Mon chanvre est à rouir ; je reviendrai le chercher ce soir. Écoute la légende d’Hêna, puisqu’elle te plaît, ma petite Jeannette :


la légende d’hêna.


« — Elle était jeune, — elle était belle, — elle était sainte ; — elle a donné son sang à Hésus pour la délivrance de la Gaule. — Elle s’appelait Hêna, Hêna, la vierge de l’île de Sèn !




» — Bénis soient les dieux ! ma douce fille, — lui dit son père Joel, le brenn de la tribu de Karnak, — bénis soient les dieux, — puisque te voilà ce soir dans notre maison pour fêter le jour de ta naissance ! — Mais qu’as-tu ? — Je vois des larmes dans tes yeux.




» — Si ma figure est triste, ma bonne mère, — si ma figure est triste, mon bon père, — c’est que je viens vous dire adieu et au revoir.




» — Et où vas-tu, chère fille ? — Ton voyage sera donc bien long ? — Où vas-tu ainsi ?