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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 9.djvu/294

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l’Église, qui lui tend les bras avec amour et pardon ! Hélas ! hélas ! le malin esprit possède à jamais celle-là, qui tout à l’heure aura été Jeanne ! celle-là, dont le corps va être livré aux flammes ardentes du bûcher ! celle-là, dont les cendres vont être jetées au vent ! celle-là, qui, privée de la sainte Eucharistie au moment de sa mort, et chargée de l’excommunication de l’Église, va être plongée au fond des enfers pour l’éternité !… Hélas ! hélas ! Jeanne, tu l’as voulu… Nous avions cru à ton repentir, nous avions consenti à ne pas te livrer au bras séculier ; mais tu persistes dans ton hérésie, écoute ta sentence ! (Il se recueille un moment avant de la prononcer.)

plusieurs soldats anglais, agitant leurs lances. — Allons donc ! tu as bien tardé, père en Dieu !

— Vite au feu la sorcière !

— À mort la magicienne ! à mort !

d’autres voix, dans la foule. — Pauvre vaillante fille ! elle est perdue !

— Seigneur Dieu ! mais elle ne peut nier ses visions, puisqu’elle les a eues !

— Ce serait, de sa part, mensonge et lâcheté !

l’évêque cauchon, se levant, terrible, et les mains levées vers le ciel, s’apprêtant à maudire l’accusée. — Jeanne, écoute ta sentence… Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ! nous, Pierre, évêque de Beauvais, par la miséricorde divine, nous te déclarons…

jeanne darc jette un cri de terreur, joint les mains, tombe affaissée sur l’échafaud, en criant d’une voix désespérée. — Grâce ! grâce !…

l’évêque cauchon. — Te soumets-tu au jugement de l’Église ? 


jeanne darc, livide, et dont les dents claquent d’épouvante. — Oui, oui !

l’évêque cauchon. — Renies-tu tes apparitions, tes révélations, comme mensongères et diaboliques ?

jeanne darc, brisée, éperdue, et d’une voix pantelante. — Oui, oui, je les renie, puisque les prêtres les trouvent mauvaises à croire