Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 9.djvu/300

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fesse avoir grièvement péché en étant schismatique. » (S’adressant à Jeanne.) Le confesses-tu ?

jeanne darc. — Je le confesse ! 


l’évêque cauchon, lisant. — « Lesquels crimes et erreurs en la foi catholique moi Jeanne, retournée à la vérité par la grâce du Seigneur et aussi par la grâce de votre sainte et infaillible doctrine, mes bons et révérends pères je renie et abjure ! » (À Jeanne.) Renies-tu, abjures-tu tes crimes et tes erreurs en la foi catholique ?

jeanne darc, défaillante. — Je les renie !… je les abjure ! 


l’évêque cauchon, lisant. — « En foi et créance de quoi, moi, Jeanne, déclare me soumettre au châtiment que m’infligera l’Église, promettant et jurant à monseigneur saint Pierre, prince des apôtres et à notre saint-père le pape de Rome, son vicaire et à ses successeurs et à vous, mes seigneurs, et à vous mon révérend père en Dieu, monseigneur l’évêque de Beauvais, et à vous religieuse personne frère Jean Lemaître, vicaire de l’Inquisition de la foi, moi, Jeanne, je vous jure, à vous tous mes juges de ne retomber jamais dans les criminelles erreurs dont il a plu au Seigneur de me délivrer ! je jure de toujours demeurer en l’union de notre sainte mère l’Église et en l’obéissance de notre saint-père le pape ! » (À Jeanne.) Le jures-tu ?

jeanne darc, d’une voix expirante. — Je le jure… et je meurs !…

L’évêque Cauchon fait signe à l’un des greffiers d’ouvrir l’écritoire qu’il porte suspendue à son côté ; il y prend une plume, la trempe dans l’encre et la remet au prélat auquel il présente, en guise de pupitre, son bonnet carré, qu’il tient des deux mains. Le prélat place sur ce bonnet le parchemin, qu’il continue de lire à haute voix en tenant la plume :

« — Moi, Jeanne, j’affirme et confirme tout ce qui est dit plus haut, le jurant et l’affirmant au nom du Dieu vivant et tout-puissant et des saints Évangiles, en preuve de quoi, ne sachant écrire, j’ai signé cette cédule de mon signe. » (À Jeanne Darc, toujours age-