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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés III (1850).djvu/201

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de nouvelles créances à recouvrer ; il joignait à cela l’agrément d’offrir de l’argent comptant aux fils de famille qu’il savait devoir être riches à la mort de papa et de maman. Les bonnes chances du jeu me permettaient de me mêler à une compagnie déjà diablement mêlée, bien entendu ; là j’amorçais quelques jeunes pigeons égarés du colombier paternel. La Levrasse les plumait, et j’avais ma part du duvet… Le cul-de-jatte avait fait le plongeon pendant un bout de temps ; il reparaît à la surface de la boue de Paris, j’en fais mon second ;… et par respect pour ses cheveux blancs, je lui confère le grade de major… ce sont ses invalides ; lorsqu’il y a des créanciers récalcitrants, il sonde le terrain… et me sert au besoin de témoin… Tel est l’état de mes affaires, mes enfants… J’ai dans ce secrétaire, que vous voyez là, cinq mille et quelques cents francs à votre service… J’avais pris depuis quelques jours la drôlesse que vous avez vue ce soir aux Funambules, où j’étais allé sans lire l’affiche. Madame Bambochio, que le diable la retrouve, m’avait dit : — Allons aux Funambules, c’est bon ton… — j’y suis allé… et… je vous l’ai dit, mes enfants, comme toujours j’ai eu deux bonheurs à la fois, qu’est-ce que je dis deux ?… j’en ai eu trois, quatre, cinq, car je me suis donné la douceur de souffleter le vicomte Scipion, son père et d’autres en allant au secours de cette pauvre Basquine. Voilà ma confession ; maintenant, Basquine, comment diable t’avons-nous retrouvée sur ce théâtre ?