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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés III (1850).djvu/221

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avec une touchante expression de confiance et de tendresse, puis détournant soudain la vue et courbant le front, elle joignit les mains et sembla prier avec ferveur… La jeune fille venait de voir entrer un prêtre revêtu de ses insignes sacrés ; marchant à pas comptés, il tenait le saint calice entre ses mains.

Le prêtre s’approcha de l’autel, donna sa bénédiction aux assistants, et commença à célébrer la messe du mariage, pendant que les deux hommes, les témoins de Robert et de Régina, tenaient, selon l’usage, une pièce d’étoffe étendue au-dessus de la tête des deux fiancés.

Lorsque le prêtre vint à demander à Robert et à Régina s’ils consentaient à se prendre pour époux, la jeune fille releva le front et prononça le oui solennel d’une voix ferme. Robert, qui de temps à autre jetait autour de lui des regards inquiets, répondit d’une voix mal assurée.

Après l’échange des alliances, et alors que le prêtre faisait aux deux époux une exhortation sur leurs devoirs, j’entendis le tintement des grelots de plusieurs chevaux de poste qui entraient dans la cour de la maison. À ce bruit, Robert tressaillit de joie, et de ce moment il contraignit si peu son impatiente anxiété, que, se levant de sa chaise avant la fin de la cérémonie, il prit Régina par la main et lui dit d’une voix précipitée :

— Partons, Régina… partons… nos moments sont comptés…

La jeune fille jeta sur le comte un regard surpris, et d’un geste expressif sembla le rappeler aux convenances qu’il oubliait si étrangement. Le comte se mordit les lèvres, ses traits se contractèrent, et le bout de son pied frappa convulsivement le plancher, jusqu’au parfait accomplissement de la cérémonie sacrée.

— Venez… vite… — dit alors le comte à la jeune fille.

Et la prenant brusquement par la main, il fit un pas pour s’éloigner de l’autel ; mais Régina, se dégageant de la main du comte, et s adressant au prêtre, lui dit d’une voix remplie de douceur et de dignité :

— Mon père… maintenant que j’ai l’honneur de porter le nom de monsieur de Mareuil… maintenant que, bénie par vous, notre