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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés III (1850).djvu/252

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tendit la main à sa femme, qui s’était rapprochée de lui ; tous deux fondirent en larmes.

Mon maître, très-ému lui-même, continua :

— Et malgré tant d’humiliations dévorées, votre clientèle ne se formait pas… vous étiez pauvre, timide, modeste, et, de plus… mal logé, dans un hôtel garni, vous n’inspiriez aucune confiance… enfin votre misère en est venue à ce point qu’il a fallu vendre vos habits pour manger… alors plus aucun moyen de vous présenter nulle part, vous vous êtes réfugié dans cette mansarde, où vous et les vôtres seriez morts de faim, si vous n’aviez pas trouvé quelques ressources dans votre talent de coloriste ; vous gagnez ainsi à peu près quinze sous par jour en travaillant dix heures ; vous et votre famille vivez de cela… pourtant !  !…

— Monsieur ! — s’écria le jeune homme avec une expression de douloureuse dignité, — je ne me suis jamais plaint… et je ne sais comment vous, que je n’ai pas l’honneur de connaître… vous êtes instruit de ces tristes particularités de notre existence… j’ignore dans quel but vous venez ici… Monsieur… j’ignore jusqu à votre nom… et…

— Mon nom ? — dit le docteur Clément, en interrompant son jeune confrère, — je m’appelle… je m’appelle… Monsieur Just.