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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés III (1850).djvu/77

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m’eût seulement regardé ; elle avait vaguement aperçu quelqu’un là… et elle s’était à l’instant retirée.

Tout ceci se passa en si peu de temps, que lorsque le mulâtre, après avoir respectueusement salué le comte Duriveau, en suite de son entretien avec lui, eut ouvert la porte-cochère, Régina avait disparu et la fenêtre était fermée.

Le comte Duriveau allait sortir ; déjà il avait le pied sur le seuil, lorsque, se retournant vers le mulâtre qui revenait à moi, mécontent sans doute de m’avoir laissé ainsi seul, il lui dit à voix assez haute pour que je l’entendisse :

— Melchior… j’ai oublié de vous prier de rappeler au baron que je viendrai demain à deux heures le prendre, ainsi que mademoiselle Régina, pour aller au Louvre.

— Je n’y manquerai pas ; M. le comte peut y compter, — dit Melchior en se retournant vers M. Duriveau.

Celui-ci sortit, le mulâtre vint rapidement à moi.

— Pourquoi êtes-vous resté à cette porte ? — me dit-il d’un air défiant.

— Dame !… Monsieur… je vous attendais là, ne sachant pas où aller.

— Il fallait descendre dans la cour, et ne pas rester sur ce perron.

Puis, après un moment de silence :

— Ne m’avez-vous pas dit que vous veniez apporter à M. le baron une lettre de M. Robert de Mareuil ?

— Oui, Monsieur.

— Y a-t-il longtemps que M. Robert de Mareuil est à Paris ? — me demanda Melchior, en attachant sur moi un regard pénétrant.

— Il est arrivé ce matin, Monsieur.

— Où demeure-t-il ?

— Rue de Provence, hôtel de l’Europe, Monsieur.

— Êtes-vous à son service ?

— Non, Monsieur… je suis commissionnaire.

Melchior réfléchit un instant, et me dit :