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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés II (1850).djvu/130

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Nous étions assis au pied d’un grand arbre, en pleine forêt ; à quelques pas de nous gisait le corps inanimé de Lucifer, Bamboche s’en approcha et détacha du bât, où elles étaient solidement attachées, deux pesantes sacoches que, dans la précipitation et la frayeur de notre fuite, je n’avais pas remarquées.

Bamboche nous apporta ces deux poches de cuir d’un air solennel ; nous attendions la vue de ce qu’elles contenaient avec une ardente impatience.

Bamboche déboucla l’espèce de chaperon qui couvrait la première sacoche et en tira, à notre surprise un peu désappointée, une paire de pistolets vulgairement dits coups-de-poing, et une poire à poudre.

— C’est là tout ! — s’écria Basquine ébahie, — c’est là notre richesse !

— C’était là de quoi la défendre cette nuit et nous-mêmes, si ce brigand de la Levrasse avait échappé de sa rôtissoire pour courir après nous.

— Ah ! bon, — reprit Basquine. — Maintenant, nos richesses… voyons… vite.

— Les voilà, — dit triomphalement Bamboche en tirant de la sacoche un sac de peau du volume d’un ridicule de femme, et fermé par une monture d’argent, noirâtre de vétusté.

— Pèse-moi ça, Basquine, — dit Bamboche ; — pèse-moi ça, Martin.

Basquine et moi nous soupesâmes le sac ; il était fort lourd.

— Comment ce sac est tout plein d’argent ? — s’écria Basquine.

— De l’argent ? — dit Bamboche en haussant les épaules avec dédain… — de l’argent ? belle rareté…

Prenant alors dans sa poche une petite clef, il me la donna (j’avais alors le sac entre les mains) et me dit :

— Frère… ouvre…

Je mis la clef dans la petite serrure du fermoir, le sac bâilla.

— Prends un rouleau, — me dit Bamboche.

Je pris au hasard un des deux ou trois rouleaux qui se présentaient à moi, rouleau de trois pouces de long, soigneusement enveloppé de papier, cacheté à l’un de ses bouts mais seulement replié à l’autre.