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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés II (1850).djvu/309

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du souvenir de Régina, nom sacré qu’un si triste hasard vient de rappeler encore à ma mémoire.

Étoile radieuse et pure, vers laquelle je dois toujours lever les yeux, du fond des plus fangeuses ornières de la vie.

 
 

Je ne pouvais rester plus longtemps à la porte de ce cabaret ; la rue était alors déserte, une neige fondue, tombant en brume épaisse, pénétrait mon habit et me glaçait jusqu’aux os ; le cocher m’avait dit que je trouverais, un peu avant d’arriver à la barrière, le garni où on logeait à quatre sous la nuit. Je descendis la rue à la vacillante clarté des réverbères, qui, perçant la brume, se réfléchissait en pâles sillons sur la chaussée noire de boue.

Je marchais depuis dix minutes environ, lorsque je rencontrai un chiffonnier, qui, la hotte sur le dos, lanterne et crochet en main, fouillait les tas d’immondices déposées dans l’angle des bornes. Craignant de m’égarer, je lui demandai s’il connaissait près de là une maison où on logeait à la nuit.

— La seconde rue à gauche, ensuite la première à droite. Vous verrez la lanterne rouge, — me répondit cet homme sans me regarder et sans cesser son travail.

Au bout de dix minutes, je me trouvai dans une rue étroite, en face d’une maison de solide apparence ; on montait à la porte par un escalier de bois exhaussé de quelques marches au-dessus du niveau de la rue. Cette porte était ouverte ; je fis quelques pas, et m’arrêtai aux aboiements furieux d’un gros chien. Presque aussitôt, un homme trapu, de figure équivoque, tenant un énorme bâton sous son bras, et abritant la flamme d’une chandelle sous sa main, apparut devant moi, et me demanda brusquement ce que je voulais.

— Passer la nuit dans cette maison, Monsieur.

— Votre passe-port ?

— Le voici, Monsieur…

— C’est quatre sous… et d’avance, — me dit l’homme, après avoir jeté un regard assez indifférent sur mon passe-port.