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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/100

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trême réserve sur tout ce qui touche le capitaine Just ; une fois arrivée à l’extrémité que je prévois, la princesse aura besoin de moi… Jusqu’alors je veillerai… sur elle… et sur lui.

Si quelque danger les menace, je saurai le prévenir…

Régina pourra d’ailleurs peut-être se passer de mon dévouement ; dès que je la saurai tout à fait sous la protection du loyal et généreux amour de Just, tranquille alors sur l’avenir de ma maîtresse, ma mission sera accomplie… je retournerai auprès de Claude Gérard.


29 septembre 18…

J’ai interrompu depuis longtemps ce journal… À quoi bon ?… Ils s’aiment, la passion les enivre, les emporte. Ils vivent pour eux seuls…

Régina porte le front trop haut et trop superbe pour être coupable.

 

Le prince est toujours absent ; il a quitté sa terre pour faire un voyage aux Pyrénées ; on ne l’attend pas avant le mois de novembre.

Heureusement, toutes les personnes de la société de la princesse sont à la campagne : ma discrétion est à l’épreuve ; nul, je le crois, n’a pénétré l’amour de Régina ; Just ne vient à l’hôtel que deux ou trois fois par semaine, ainsi que l’autorisent des relations amicales. Les autres jours, profitant de cette magnifique saison, Régine et lui se retrouvent dans des jardins peu fréquentés, au Luxembourg, au Jardin-des-Plantes, au parc de Monceaux, d’autres fois au bois de Boulogne, souvent aussi au Musée… Je le sais, j’ai plusieurs fois suivi Régina ; pour justifier ses fréquentes et longues absences, elle a prétexté d’un portrait pour lequel elle donne séance.

 

5 décembre 18…

Depuis quelques jours Régina perd de sa sérénité passée ; je l’ai souvent surprise triste, préoccupée, profondément abattue : mais, à la vue de Just, ses traits s’épanouissent et redeviennent souriants, radieux.

Le prince, au retour de son voyage des Pyrénées, est allé passer un mois à la terre du marquis d’Hervieux… Nul doute que l’arrivée