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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/154

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CHAPITRE XI.

Suite du journal de Martin. — Entrevue du prince et de la princesse de Monthar. — Lettre au baron de Noirlieu. — Un cocher formaliste. — L’innocence de la mère de Régina est reconnue. — Réconciliation.

17 février 18…

Il est minuit… me voici seul… cette journée est achevée.

Rassemblons bien mes souvenirs.

Je suis descendu à huit heures pour faire l’appartement de ma maîtresse ; vers les neuf heures, Mlle Juliette est venue me trouver dans le parloir et m’a dit :

— Bonjour, Monsieur Martin ; vous prendrez garde de faire du bruit dans la galerie des tableaux.

— Est-ce que Mme la princesse est indisposée ?

— Un peu… elle a été toute la nuit d’une agitation extraordinaire… elle avait les nerfs si agacés.. qu’elle m’a sonnée e deux fois pour lui préparer de l’eau de fleur d’oranger…

— Hier, pourtant, Madame ne paraissait pas souffrante.

— Elle n’était pas très-bien… elle a passé une partie de la soirée à écrire… et quand elle s’est couchée, elle avait l’air bien abattu. Tenez, Martin, — ajouta tout bas Juliette d’un air mystérieux, — voulez-vous que je vous dise ?

— Eh bien ?

— Il se passe dans la maison quelque chose.

— Quoi donc ?

— Je n’en sais rien… mais je suis sûre que je ne me trompe pas, et qu’il y a quelque anguille sous roche.