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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/17

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CHAPITRE II.

Le Thé (suite), — Cancans de domestiques. — Inquiétude de Martin causée par la joie de M. Duriveau. — Retour du bal.

Plus j’entrais avant dans le milieu de ma condition, plus j’appréciais la justesse de la réflexion de Leporello. Évidemment, la plupart des invités de mademoiselle Juliette possédaient des secrets effrayants pour le repos et l’honneur de bien des familles. Cette pensée fut justifiée presque aussitôt par Madame Lambert, femme de chambre de la marquise d’Hervieux.

— Leporello a bien raison, — dit-elle ; — le plus souvent les maîtres nous traitent mal, et pourtant bien des fois il ne tiendrait qu’à nous de mettre le feu dans je ne sais combien de ménages, de causer des séparations, des procès, des duels à mort…

— C’est pourtant vrai, — dirent plusieurs voix.

— Pour ma part, — reprit Madame Lambert, — je connais quelqu’un qui pourrait faire aller… au criminel, et même, je crois, aux galères, c’est comme Je vous le dis, un des personnages les plus huppés de ce temps-ci… et sa femme aussi, qui est toute la journée dans les églises, et qui fait sa grande dame.

— Ah bah ! — dirent plusieurs voix avec surprise.