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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/273

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m’avez pincé.. mon affaire est claire… mais je ne bouderai pas devant la guillotine…

 
 

Il est inutile de dire que, grâce au sang-froid et à l’incroyable présence et ressource d’esprit de Bamboche, servies d’ailleurs par la vraisemblance de ses aveux, et par une partie réelle de ses assertions, le crime du comte Duriveau ne fut pas un instant soupçonné ; son trouble, sa pâleur, l’embarras même de ses réponses aux premières questions du magistrat, que celui-ci d’ailleurs ne poursuivit pas, par un sentiment de convenance et de pitié pour une si grande infortune, furent attribués à la terrible émotion où ce malheureux père devait se trouver ensuite du meurtre de son fils.

En demandant et en obtenant un ordre d’emprisonnement contre Scipion, le comte n’avait pas caché qu’il voulait soustraire son fils à l’influence d’une passion dangereuse ; il parut donc très-naturel que le vicomte, se voyant sur le point d’être arrêté dans la maison de Basquine, se fût échappé de chez elle, et fût venu l’attendre dans cette demeure obscure et isolée. Ainsi s’expliquait encore la présence de Basquine sur le théâtre du crime, puis plus tard aussi la venue du comte, qui avait pu être instruit de l’endroit où s’était caché son fils pour fuir la prison.

Enfin, comment penser qu’au lieu de croire aux aveux si probables d’un brigand déjà coupable de deux meurtres, on pouvait songer à accuser du meurtre de son fils un homme considérable, posé dans le monde, comme l’était le comte Duriveau, et par ses relations et par sa fortune immense ?

 
 

Le procès de Bamboche s’instruisit rapidement ; déclaré coupable de trois meurtres, le bandit fut condamné à la peine de mort.

Ni Martin ni Basquine n’avaient oublié la promesse faite à leur compagnon d’enfance.

La veille du jour de l’exécution, les trois amis, grâce à une permission spéciale, devaient une dernière fois se réunir dans la cellule où Bamboche attendait la mort.