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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/55

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ne l’encourage pas, — m’a répondu la princesse en me cachant sa joie. — Je trouve-très bien que vous alliez savoir chaque jour des nouvelles du fils de votre protecteur…

Pauvre femme !… Combien ma prière a dû la rendre heureuse… si elle l’aime déjà !…

Jamais elle n’aurait osé me donner l’ordre d’aller chez lui tous les matins.

Ce n’est pas tout, j’ai voulu épargner à Régina jusqu’à l’embarras de me dire :

— Eh bien ! comment va-t-il ?

Je lui donne de ses nouvelles tous les matins sans qu’elle m’en demande.

 
 

Dès son retour de la chasse, le prince, quoiqu’il ignorât, bien entendu, la cause du duel, est allé en personne s’informer de l’état du capitaine Just, et il n’est guère resté que quatre ou cinq jours sans aller se faire écrire chez le fils du docteur.


8 février 18…

Oh ! comme Régina a été sensiblement touchée de toutes mes délicates prévenances !… Comme elle a senti tout ce que je mets de cœur, de dévouement et d’intelligence à épargner le moindre embarras à sa réserve, à sa fierté, lorsqu’il s’agit du capitaine Just ! comme elle m’en a noblement récompensé !

Ce matin je lui ai apporté mon livre de dépense pour les fleurs ; le compte s’élevait à 125 fr. Ma maîtresse m’a donné quatre doubles louis en me disant :

Le surplus sera pour vous… Martin…

Avec de l’argent… la voilà quitte.

 
 

9 fevrier 18…

Ma douloureuse amertume d’hier était stupide, et encore plus injuste que stupide…