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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés I (1850).djvu/292

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CHAPITRE XIV.

Histoire de Bamboche. — Le bûcheron de route. — Mort du bûcheron. — Le mauvais riche. — Le Cul-de-jatte. — Cours de morale. — Avenir réservé à Martin. — Amours de la mère Major. — Comment Bamboche comprenait l’amitié. — Bamboche amoureux.

Bamboche continuant de garder le silence, je réitérai ma question.

— Comme-moi, — lui dis-je, tu n’as peut-être plus ni ton père ni ta mère ?

— Je n’ai pas connu ma mère, — me répondit-il brusquement, mais d’un ton moins sardonique et moins âpre.

— Et ton père ?

— Mon père était bûcheron de route.

— Bûcheron de route ?

— Oui, il voyageait et il s’arrêtait quand il rencontrait des endroits où on abattait des bois : alors nous faisions une cabane dans la forêt avec de la terre et des fagots, et nous restions là tout le temps de l’abatage.

— Tu travaillais donc déjà avec ton père ?

— Je l’aidais comme je pouvais, je rangeais le bois qu’il mettait bas.

— Et ton père, où est-il maintenant ?

— Dans la forêt, — me répondit Bamboche avec un sourire sinistre.

— Dans la forêt ?

— Oui, un jour il s’est quasi abattu la jambe d’un grand coup