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Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/212

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chez le concierge, c’est très léger ; cela doit être des fleurs ou des dentelles.

Je regardai Gontran, il ne put s’empêcher de sourire.

Je devinai quelque surprise. Mon cœur battit bien fort ; c’étaient peut-être mes chères fleurs de prédilection que j’allais revoir.

Par un de ces enfantillages très sérieux pour les esprits fatalistes, avec la rapidité de la pensée je me dis : Si je trouve un bouquet d’héliotropes et de jasmins dans ce carton, ce sera un bon présage, je serai heureuse de ma journée d’aujourd’hui, sinon ce jour me sera fatal.

Une fois cette espèce de défi jeté au sort, je me repentis presque de ma témérité ; je n’osai plus ouvrir le carton.

Gontran s’aperçut que ma main tremblait, que je rougissais beaucoup.

— Eh bien !… Mathilde, qu’avez-vous ?

— Rien… rien… — lui dis-je, et surmontant mon émotion, j’ouvris le carton…

Hélas ! mon cœur se serra douloureusement. C’est à peine si je pus retenir mes larmes. Je ne trouvai ni jasmins ni héliotropes : les fleurs