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Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/218

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garto qui causait avec plusieurs personnes, elle me dit en me le désignant :

— Vous voyez bien cet homme ?

— Oui, Madame, — répondis-je en tremblant.

— Eh bien ! votre tante est un ange de mansuétude auprès de lui. C’est l’orgueil dans la bassesse, et la lâcheté dans la cruauté ; pourtant on le reçoit. Il y a des traits de lui qui font frémir. L’année dernière il a perdu, à jamais perdu une malheureuse jeune femme, madame de Berny, qui est, à cette heure, seule, abandonnée de sa famille, repoussée par tout le monde ; il a agi envers elle de la manière la plus brutale, la plus scandaleuse, la plus cruelle. M. de Berny, soit faiblesse, soit mépris, s’est renfermé dans une dédaigneuse indifférence sur le sort de sa femme, M. Lugarto est encore resté une fois impuni ! Puisque les hommes sont si lâches, ce serait au moins aux femmes de faire justice des Lugarto et de ses pareils. Aussi je ne conçois pas qu’on tolère dans le monde une pareille espèce, ou même qu’on lui réponde quand il