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Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/262

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si vous n’aviez pas un abord si glacial, si dédaigneux, vous seriez assez entourée pour trouver un bras à défaut du mien ! il y a mille coquetteries innocentes et parfaitement admises par le monde qui permettent à une femme de chercher dans les hommes qui l’entourent ces soins, ces prévenances que son mari ne peut lui consacrer sans se faire montrer au doigt ; mais non, vous êtes d’une morgue, d’une hauteur qui éloigne tout le monde de vous… Et, après cela… vous venez vous plaindre d’être isolée ! Si je faisais comme vous, où en serais-je ? je serais un de ces maris maussades, jaloux, qui ne parlent à aucune femme, ne bougent de l’embrasure des portes, et qui, lorsque minuit sonne, viennent, comme les spectres de la ballade, enlever d’un air rébarbatif leur femme à ses danseurs ? Qu’arrive-t-il ? que ces maris-là sont bafoués. Or, ma chère, pour vous et pour moi, je suis décidé à toujours éviter un pareil rôle.

— Ainsi, — m’écriai-je avec amertume, — il faut que je me soumette sans me plaindre à ces étranges lois du monde, qui regardent comme souverainement inconvenant qu’un