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Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/269

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absurdes, que je suis d’âge à savoir me conduire dans le monde, et que vous ferez bien, dans l’intérêt de notre tranquillité commune, de prendre la vie comme elle doit être prise… Vous m’entendez ?…

Ce qui se passa en moi fut étrange, je fis rapidement ce raisonnement :

Ce que je veux, c’est le bonheur de Gontran. Mon bonheur à moi doit être considéré comme un moyen de parvenir à ce but. Si en me sacrifiant j’assure son repos, sa félicité, je ne dois pas hésiter ; quoiqu’il m’en coûte, je ferai ce qu’il désire.

Je suis encore à comprendre comment je me résignai si brusquement à ce parti extrême, qui contrastait tant avec les plaintes que je venais d’exprimer à Gontran. Maintenant il me semble que ce revirement subit participa de ces résolutions désespérées que l’on prend avec la rapidité de la pensée dans les dangers de mort.

— Je vous entends, Gontran, — lui dis-je, — je vous obéirai. Mes plaintes vous importunent, je ne me plaindrai plus ; il vous coûterait de vous occuper de moi dans le monde…