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Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/301

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ces plus fatales… Il dit que M. de Lancry est son ami intime, et il le prouve en se montrant sans cesse avec vous et avec lui. Il dit que chaque matin il vous envoie des fleurs dont vous vous parez, et cela est encore vrai ; il dit que les fêtes qu’il va donner, c’est pour vous qu’il les donne ; il dit que devant le monde vous lui témoignez de la froideur, mais que cette froideur est une feinte convenue avec vous pour tromper votre mari… Il dit enfin que vous l’aimez, Madame !

Je regardai M. de Rochegune avec tant de stupeur qu’il crut que je ne l’avais pas entendu ; il reprit : — oui, madame… M. Lugarto dit que vous l’aimez.

Cette accusation me parut d’une stupidité si révoltante que je m’écriai avec un éclat de rire sardonique :

— Moi ! aimer cet homme ! mais c’est de la folie, Monsieur ; qui croira jamais cela ? qui admettra cela comme possible ? Sans doute, je regrette amèrement l’intimité qui s’est établie entre lui et mon mari, je regrette amèrement d’être de sa part l’objet d’attentions que je méprise et que je hais… mais, jamais, mon Dieu !