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Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/67

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solée. Qu’est-ce que tu veux que je te dise de plus ? Je le regretterai jusqu’à la fin de mes jours, qui, hélas ! n’est pas bien loin… Heureusement ton bon naturel a pris le dessus ; ce sera un reproche que j’aurai de moins à me faire ; il m’en reste bien assez comme ça… Tiens, ma chère petite, je suis si navrée que, s’il en était encore temps, je voudrais… je voudrais… mais non… non… et pourtant…

Sans achever sa phrase, ma tante baissa de nouveau la tête, comme si une lutte se fût engagée en elle entre son désir de parler et une autre influence.

Malgré moi j’eus peur, comme si mon avenir allait dépendre du secret que ma tante hésitait à me livrer. Celle-ci, voulant peut-être s’affermir dans sa bonne résolution en me demandant de nouvelles paroles de tendresse, me dit :

— Je te suis moins odieuse qu’autrefois, n’est-ce pas.

— Ma tante, depuis un moment je vous aime, tout est oublié ; — et je serrai ses deux mains dans les miennes avec effusion.

— Cela est pourtant bon, bien bon, de s’entendre dire cela… et si je te rendais un grand