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Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/82

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dussé-je te poursuivre jusqu’à la fin de tes jours… et encore je ne sais pas pourquoi je ne délivre pas tout de suite la terre d’un monstre tel que toi… — ajouta M. de Mortagne en rejetant mademoiselle de Maran dans son fauteuil.

Cette scène avait été si brusque, l’accusation que M. de Mortagne portait contre ma tante semblait si extraordinaire, que tous les assistants restèrent un moment frappés de stupeur et d’effroi.

Mademoiselle de Maran, quoique redoutée, était assez universellement détestée pour que ses amis ne fussent pas fâchés d’être involontairement témoins d’une scène si étrangement scandaleuse.

Le front de mademoiselle de Maran était couvert d’une sueur froide, elle respirait à peine, et regardait M. de Mortagne avec frayeur et d’un air égaré.

— Vous ne savez pas comment j’ai découvert votre abominable trame ? — continua-t-il en s’adressant à ma tante, et il tira de sa poche quelques papiers. — Reconnaissez-vous cette lettre au gouverneur de Venise ?… Re-