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Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/108

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constances où vous vous êtes trouvée, n’a pas eu assez de confiance dans votre cœur pour tout vous avouer, serait impitoyable s’il vous savait instruite d’un mystère qu’il a caché avec tant d’opiniâtreté.

— Mais enfin, si par hasard Gontran découvre mon séjour dans cette maison ?

— J’y ai songé… J’ai aussi songé que, par une nouvelle méchanceté dont je ne puis concevoir le but, Lugarto pourrait tout écrire à votre mari, alors cette déclaration signée de lui, mon témoignage, celui de Rochegune, suffiraient pour vous mettre à l’abri de toute calomnie, car il faut tout prévoir…

— Je suivrai vos conseils — dis-je à M. de Mortagne en soupirant. Pourtant, je vous l’avoue, il m’en coûte de cacher quelque chose à Gontran…

M. de Mortagne, sans me répondre, me prit les deux mains et me regarda quelques moments en silence.

Sa figure si caractérisée avait une expression d’attendrissement inexprimable. Malgré lui, il pleura. Je ne saurais dire combien je fus profondément touchée en voyant couler les