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Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/153

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âcres partaient de ses lèvres et non pas de son cœur.

— Eh bien ! oui… oui, pardonne-moi… Hier, après le premier mouvement de joie que m’a causé ton arrivée, j’ai été saisie d’un mauvais sentiment ; j’ai eu honte de ce qui m’entourait, j’ai eu honte de ma mélancolie avec mes larmes éternelles ; j’ai voulu être résolue, insouciante, ironique : mais ce rôle faux, dissimulé, je ne peux le supporter. À toi, devant toi, je ne puis mentir… Ta pauvre Ursule ressent aujourd’hui aussi vivement, plus vivement peut-être qu’autrefois, les douleurs de la mésalliance morale qu’elle a contractée. Hier, ce matin, quand je me plaignais de la tristesse de cette habitation, je mentais ; de son manque d’élégance, je mentais. Que m’importe le cadre de la vie… lorsque cette vie est à jamais flétrie… Ah ! Mathilde… avec un cœur qui m’eût comprise, l’existence la plus dure, la plus malheureuse m’aurait ravie.

— Pauvre Ursule, je t’aime mieux ainsi ; j’aime mieux tes larmes que ton ironique et