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Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/156

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L’expression mélancolique de sa physionomie, la langueur de son regard voilé, étaient tellement d’accord avec ces tristes paroles, que, je l’avoue, je crus aveuglément à ce qu’elle me disait.

Elle trouvait le moyen de paraître se sacrifier encore à son mari en l’obligeant à travailler sans relâche pour augmenter une fortune déjà considérable.

Je poussai l’aveuglement si loin que je m’inquiétai des pressentiments sinistres d’Ursule.

Je les combattis vivement.

— Mais enfin, — lui dis-je, — pourquoi rêver un avenir si sombre ? pourquoi renoncer à toute espérance ?

Ursule me prit les deux mains, attacha sur moi ses yeux bleus noyés de larmes, et murmura d’une voix douloureusement émue :

— Tu parles d’espérance, ma sœur… hélas ! je te l’ai écrit le lendemain de cette fatale union, mon espérance, c’est une pauvre place obscure dans le cimetière du village ; mon avenir, c’est l’éternité