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Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/177

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Elle regardait fixement la lettre qu’elle tenait entre les mains, et semblait ne pouvoir croire à ce qu’elle entendait.

— Comment — disait-elle, en se parlant à elle-même — je me serais trompée à ce point ? Depuis tant de temps que je les observe ?… Mais non, non — reprit-elle vivement, en décachetant la lettre — le cœur d’une mère ne se trompe pas… Pourquoi ressentirais-je tant d’aversion contre cette femme ? Je ne suis ni injuste, ni haineuse, moi… Non… non… il faut qu’elle soit coupable, elle est coupable !

Elle s’approcha de la lampe pour lire la lettre, et chercha ses lunettes.

La physionomie de ma cousine resta impassible. Elle dit en souriant à M. Chopinelle :

— Allons, Monsieur… adieu notre surprise.

Le sous-préfet regarda ma cousine d’un air stupide, effaré, puis il prit brusquement son chapeau et se précipita vers la porte.

Il y rencontra M. Sécherin.

Celui-ci le saisit par le bras, le retint et lui dit en riant : — Comment, vous vous en allez déjà, Chopinelle ? Est-ce que vous êtes fou ?