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Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/186

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passion, de l’entraînement que peut inspirer un homme éminemment doué.

Elle avait sacrifié ses devoirs à un homme ridicule dont elle rougissait, car elle le raillait, car elle le reniait avec une imperturbable assurance.

Dans cette scène qui pouvait la perdre, son front était resté calme, intrépide ; elle avait conjuré l’orage qui allait éclater avec une présence d’esprit, avec un sang-froid, avec une audace qui m’épouvantaient.

Ces découvertes me firent un mal horrible.

Hélas ! je l’avoue à ma honte, peut-être l’amertume de mon désillusionnement s’augmenta-t-elle encore du dépit qu’on éprouve toujours d’être dupe de sa propre bonté.

Pourtant non… non… plus je rappelle mes souvenirs, plus il me semble que je fus surtout accablée de cette pensée : que je n’avais plus de sœur, que celle en qui je mettais tant d’espérances n’était plus digne de cette amitié.

Je passai une nuit triste et agitée.

Le lendemain matin, à mon réveil, ma femme de chambre me dit que M. Sécherin était déjà venu plusieurs fois savoir quand je