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Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/226

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Ursule voulut porter à ses lèvres la main de madame Sécherin,

Celle-ci la repoussa durement en s’écriant :

— Ne me touchez pas, infâme hypocrite.

M. Sécherin ne put tenir à ce dernier trait.

Il prit doucement sa femme par le bras en lui disant d’une voix tremblante de colère :

— Relève-toi, Ursule, relève-toi, ma bonne et digne femme ; assez d’humiliation comme cela… c’est moi seul qui suis juge… Je te déclare innocente, et quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, je te regarderai toujours comme ma meilleure, comme ma plus sincère amie.

— Malheureux ! ce n’est plus de l’aveuglement… c’est de la folie — s’écria madame Sécherin. — Prends bien garde… tu te couvriras de tant de ridicule en restant la dupe de cette femme, qu’on ne pourra même plus te plaindre.

Ces derniers mots de la belle-mère d’Ursule furent d’une grande imprudence ; ils blessaient au vif l’amour-propre de M. Sécherin ; aussi reprit-il avec irritation :

— Eh bien ! j’aime mieux être ridicule qu’injuste, traître et méchant.