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Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/244

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qu’elle m’avait tant, de fois répété à moi. Et puis… ce n’était peut-être pas d’elle-même qu’elle parlait ?

Pourtant je ressentis au cœur un coup si douloureux, une angoisse si poignante… l’avenir, que je venais un moment d’entrevoir si riant et si beau, se couvrit subitement d’un voile si funèbre, que je fus frappée d’un invincible et fatal pressentiment.

Pourquoi, me disais-je, éprouverais-je une émotion si douloureuse, si profonde, pour quelques paroles insignifiantes.

Elles cachent donc quelque perfidie, quelque trahison ?

Encore sous l’impression de la cruelle scène à laquelle j’avais assisté la veille, je voulus voir, dans la crainte qui m’agitait, une révélation divine semblable à celle qui avait éclairé si vainement madame Sécherin sur la conduite coupable de ma cousine.

Je ne puis dire avec quelle angoisse, avec quelle anxiété j’attendis le second tour de promenade qu’allaient faire Gontran et Ursule.

Un moment je rougis de honte en songeant à quel ignoble espionnage je descendais, je fis