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Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/255

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séjour au milieu d’une riante et paisible solitude.

Cette impression de bonheur fut si profonde, cet espoir fut si radieux, qu’il domina toutes mes autres pensées.

J’attendais avec impatience le premier mot de Gontran.

Depuis notre départ de Rouvray, il était silencieux.

Je trouvais mille raisons dans mon cœur pour que ce premier mot fût rempli de grâce et de bonté. Je me disais presque avec satisfaction que mon mari avait quelques torts à se reprocher envers moi, et qu’il allait les expier par ces douces flatteries, ces attentions exquises dont il avait le secret.

Tout-à-coup M. de Lancry bâilla deux fois assez haut, appuya sa tête sur l’un des accotoirs de la voiture et s’endormit profondément sans me dire une parole…

Cette indifférence me fit d’abord un mal affreux. Je ne pus retenir quelques larmes en me souvenant des ravissantes tendresses que Gontran m’avait prodiguées dans notre premier voyage.