me gronder, que j’avais tort d’être exagérée, romanesque, comme vous me reprochiez de l’être ; en un mot, que mon amour pour vous était mal employé ; j’ai découvert enfin qu’il ne devait pas me suffire de vous dire : Gontran, je suis digne de vous, mais qu’il fallait vous le prouver autrement que par des protestations de chaque jour.
— Que voulez-vous dire, Mathilde ?
— Oui… mes plaintes continuelles devaient vous impatienter, je ne me plaindrai plus ; aussi désormais, vous ne me trouverez plus triste et morose, à votre retour ; je serai toujours, comme aujourd’hui, heureuse, souriante.
— Tant mieux, mille fois tant mieux ; pour quelle raison changeriez-vous ainsi ?
— Oh ! j’ai de grands projets.
— De grands projets qui vous rendront heureuse et souriante ? voyons vite, qu’est-ce que c’est ?
— Vous savez bien le petit château ? (c’était une assez grande maison qui dépendait du château de Maran, et qui touchait aux Communs ; du temps de mon grand’père on logeait dans cette succursale les hôtes qui survenaient,